Danser : Essai de définition
pour dire l'art de la danse d'origine africaine
Tradition ou folklore
Rara Tou Limen Haitian Dance Company |
Les capacités de transgression des possibilités de l'espace et du temps deviennent pratiquement statiques. Elles n'évoluent plus au niveau du signifiant amenuisant ses forces d'expression spirituelle.
L'utilité du folklore, par opposition aux traditions, est ponctuelle et son évolution est plastique. Il progresse principalement pour la scène avec des variations et ajouts empruntés aux danses contemporaines tels les ballets jazz et classiques, lui donnant certes, des valeurs esthétiques indéniables, mais limitatifs au même titre que les masques dans les musées qui se transforment en objets institutionnels.
Il faut cependant saisir que déjà en acquérant la technique, dans la mesure oú on respecte les codes élémentaires, on se met à la portée d'un univers avec un vocabulaire et une conception du mouvement qui lui est propre.
ERITAJ chorégraphie de Jeanguy Saintus de la Compagnie AYIKODANS (Photo : Carl Just/Miami Herald) |
Les autres astreignent le corps à adopter des lignes, déplacements et dépôts autres afin d'accéder à une conception de perfection qui sublime la nature.
Danser l'équilibre de l'être
par la parole du rythme
Danser dans la conception africaine, favorise l'équilibre de l'être. L'apprentissage de la technique appropriée permettra d'accéder à ce niveau de compréhension de l'art de la danse africaine qui est une ouverture à la conscience de l'intelligence du corps...
J'aimerais que la danse fasse partie de mon quotidien, qu'il soit rempli de ce langage de partage, de célébration, de communication avec l'esprit et les esprits. Comment inscrire cette dynamique dans le quotidien d'aujourd'hui ou de l'occident ou je vis ? Laissez-moi danser... J'implore de m'approprier le rythme et discourir à loisir dans cette langue aux infinies expressions pour communiquer en profondeur.
Pionnière de la danse contemporaine d'origine africaine : '' Le corps peut voler sans ailes'' |
Titinga Pacere dans le langage des Tam-Tam et des masques en Afrique, définit la parole des Tam-Tam comme étant le langage des langages. Il dédie son livre à tous ceux qui luttent souvent désespérément pour faire prévaloir que le Tam-Tam n'est pas seulement un tambour du rythme, qu'il parle comme les vivants et a dès lors droit à la vie, droit au respect.
Cette prédominance du rythme caractérise positivement une civilisation orale dans son essence et ses manifestations par rapport à une civilisation écrite. Il est des richesses propres à l'oralité que les peuples dits sans écriture ont su préserver bien autrement et que de génération en génération, des artisans de la parole socialement reconnus comme tels, ont su retransmettre, grâce à une mémoire du rythme, grâce aussi à une mnémotechnie très élaborée.
Sundjate, fondateur de l'Empire du Mali au XIIe siècle expliquait que d'autres peuples se servent de l'écriture, mais cette invention a tué la mémoire chez eux; ils ne sentent plus le passé, car l'écriture n'a pas la chaleur de la voix humaine. Chez eux, tout le monde croit connaître alors que le savoir doit être un secret; les prophètes n'ont pas écrit et leur parole n'en a été que plus vivante. Qelle piètre connaissance que la connaissance qui est figée dans les livres muets.
Rythmes et danses enrichissent la culture. Les paysans haïtiens chantent et dansent au travail, au rythme des « Coumbite » et également pour exprimer leur sens de civilité et de solidarité. |
La mémoire du corps par le tambour
Titinga Pacere pour assurer une mémoire aux générations future cherche a expliquer dans son livre ce qu'est la science du tambour qu'il définit par le terme Bandrologie. Il fait un travail remarquable pour tenter d'exprimer avec des mots ce qui s'exprime en réalité autrement :
...à tous les Tam-Tam d'Afrique, pour que leurs timbres tonnent à jamais, sur le continent et le globe, pour traduire à eux-mêmes, à l'inconnu et à l'univers, des profondeurs sublimes. À tous, cette modeste introduction à leur grandeur, pour la préservation de leur oeuvre, et l'homme, pour la connaissance totale, intégrale de la littérature non écrite de l'Afrique, qui n'est pas seulement et surtout orale mais éminemment culturelle.
Est-on pris au piège de devoir dire par l'écriture ? N'est-ce pas nécessaire ? N'ai-je pas appris beaucoup de la danse et des cultures d'origine africaine par les écrits ? Oui, certes.
Cependant, je crois que ma mémoire intemporelle m'a permis de reconnaître. Et le privilège d'avoir vécu dans le contexte d'une société de souche africaine et amérindienne, même si peu de temps (Haiti, 7 ans de la prime enfance), m'a nourri d'un bagage vivant qui me permet cette reconnaissance.
On pourrait écrire encore et encore, mais le tangible est le vécu. De la danse, je saisi des mots dans les textes, mais je ne peux saisir le discours, ce n'est pas son langage. Il faut vivre l'expérience pour comprendre, pour que la communication soit effective. C'est par la connaissance intégrale qu'on intègre.
S'il n'y a plus de pratiques, le langage se perd.
Le langage du rythme est un langage qui ne peut être concilié dans les livres. Il s'altère, il devient autre et nous n'avons plus le contexte pour le faire évoluer.
Alfred Metraux, justement dans son livre sur le vaudou haitien a voulu concilier tous ce qu'il a pu apprendre et saisir sur cette religion, ses danses, sa magie, ses adeptes et ses dieux. Le document est certes une mine d'information, mais nul ne saurait à partir de cette informaion recréer ce qui était, tout au plus parviendra-t-on à une adaptation folklorique.
Les haitiens ont réussi à conserver toute la puissance symbolique, la force évocatrice et la signification intrinsèque des danses africaines au delà du temps et de l'espace par la pratique.
La base et le coeur des danses africaines ont été conservés au-delà du déracinement dans toute la diaspora de souche africaine éparpillée aux quatre coins du monde et l'individu de descendance africaine a besoin que son intérêt se matérialise de façon viscérale, pour retrouver cet élan intrinsèque de l'harmonie du corps avec les éléments.
DECOMPTE chorégraphie et interprétation de Zab Maboungou (Compagnie Danse Nyata Nyata) |
La danse est synonyme de souffle de vie;
c'est une façon d'exprimer la vie;
c'est le reflet de la vie;
c'est l'expression de la vie dans toute ses dimensions, physiques, matérielles, immatérielles et métaphysiques;
c'est l'expression de l'être;
c'est la manifestation de l'être dans un espace temps;
c'est l'être qui vibre et célèbre avec et par la collectivité pour maintenir ses liens matériels et cosmiques, soit avec la nature, les éléments et l'au-delà;
c'est la manifestation de l'essence d'une culture donnée par le truchement du corps matériel;
c'est le jeu et le nous à la fois, existants sans heurts, prenant la vie en un tout exempt de la contrainte de possibilités...
Je vous encourage à prendre un instant pour me transmettre vos observations ou tout commentaire sur Laissez-moi danser - Partie 3.
Laissez-moi danser - Partie 1 ° Laissez-moi danser - Partie 2
A propos de l'auteur : Moi
A propos de moi : Turenne ° Portrait
Donne libre cours au partage...
Je suis Turenne / Tilarenn. Je te reçois avec grand plaisir dans ce fervent parcours par la danse, chemin du mieux-être universel qu'est le mouvement, en inspirations à vibrer de toute notre énergie vitale et danser ton âme.
Danse, fais vibrer ton énergie vitale et habite chaque instant ! |
A propos de l'auteur : Moi
A propos de moi : Turenne ° Portrait
VUE : Dans chaque texte, saisissez l'énergie vitale et créatrice dont nous vibrons par essence, pour votre réjouissance
Partagez vos pensées par un commentaire ci-dessous...
No comments:
Post a Comment