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27/08/2011

Laissez-moi danser - Partie 1


Laissez-moi danser : essai de définition
pour dire l'art de la danse
d'origine africaine





Laissez-moi danser pour dire autrement, pour dire avec l'intégrité du corps.


La danse est d'abord et avant tout un langage. Elle se distingue et présente à la fois des similarités aux autres langages. Elle possède des origines et des codifications qui lui sont propres. Elle évolue selon les moeurs et les contextes socio-politiques et historiques de ses souches.


Elle demeurera vivante dans la mesure oú elle continuera d'être un mode d'expression englobant et de communication à la fois pour soi, vers d'autres et entre un plus grand nombre.  Elle dépasse le cadre d'un petit groupe restreint et s'inscrit dans le présent tout en ayant une force de continuité.



Les rythmes du mouvement


La danse se distingue de tout autre forme de langue parce qu'elle est exclusivement rythmique.  Elle s'articule par le rythme et s'oppose à d'autres formes de communication, notamment les plus répandues telles que la parole et l'écriture par son véhicule qui est le corps en mouvement.




L'origine de la danse africaine comme toute danse est le mouvement, un automatisme chez l'être vivant et nécessaire à la vie. Le mouvement commence avant la conception, continue au stade embryonnaire, est activé jusqu'à la mort et encore après la mort, l'âme demeure en mouvement.


Par contre, la danse n'est pas simplement mouvement. Il ne suffit pas de bouger pour danser. Marcher n'est pas danser. Courir, manger, boire n'est pas danser. Toute forme de sport est mouvement et faire du sport n'est pas danser.


Pearl Primus, pionnère, danse contemporaine inspirée des traditions africaines | Laissez-moi danser pour dire avec l'int!égrité du corps!
Pearl Primus, 
une pionnière 
de la danse contemporaine 
inspirée des traditions africaines
Danser, au stade primaire, c'est l'expression par le mouvement de ce qui se passe intérieurement; c'est le corps qui exprime les pulsions émotives. Ce réflexe naturel de danser atteint plusieurs stades jusqu'à celui ultime de l'art.


Jean-Claude Serre dans son article intitulé La danse parmi les autres formes de motricité, décrit la danse comme une activité universelle qui revêt une infinité de formes tout en étant médiatrice d'une infinité de sens.  


Pour tenter d'expliquer le rapport de la danse aux autres arts et aux autres activités corporelles, il a dévelopé une taxonomie de la motricité.


Selon lui, on peut distinguer trois formes d'organisations motrices qui épuiseraient la totalité des situations motrices humaines et même animales.  Ces trois formes sont issus d'un fonds commun de motricité en soi qui serait pur exercice de la fonction neuro-motrice tels que les mouvements fortuits du nouveau né.


La première forme est l'activité biologique dont l'efficacité consiste à atteindre un but précis et concret dans l'espace ou en lien avec les objets ou les êtres de l'environnement, qu'il s'agisse d'exploration, de manipulation, de consommation, de protection, de fuite et/ou de poursuite, etc.


La seconde forme est l'organisation motrice pour signifier avec des symboles ou des signes, que l'on désigne souvent sous le thème générique de communication non verbale ou de langage gestuel comme par exemple, les expressions du visage, le langage des sourds muets, les mimiques de sociétés, les signaux manuels des agents de circulation et bien d'autres.


En troisième et dernier lieu, il y a la motricité dont la finalité réside dans la production de formes, appréciées en elle-même et pour elles-mêmes, qui préside aux relations de l'individu avec son milieu social pour des fins artistiques. Il précise, dans ce dernier cas, qu'il s'agit de formes spatiales mais aussi de formes temporelles ou formes spatio-temporelles tant il est vrai que les deux sont indissociables.



Art






Aussi, J.C. Serre définit également l'art comme étant purement esthétique et appuie Julia Kisteva en citant son explication du langage de la musique en termes de référent-signifié-signifiant fondus en une seule marque qui se combine avec d'autres dans un langage qui ne veut rien dire.


De ce point de vue, on conclurait que la danse africaine n'est pas purement un art car sa finalité est la production de formes réellement significatives qui veulent dire et disent. Il en irait de même pour tous les masques et les objets artisanaux ou de cultes africains que l'on retrouve dans les musées d'art contemporain un peu partout en occident.



JOU NOU KE METE AJOUNOU PÒKÒ VWÈJOU !

- Krik !  - Krak !  - Zorèy-lanmè kole atè e ka koute dezòd ka fèt ?  - Lanbi !"

~ Sonny Rupaire (note 1)



Il serait juste de convenir qu'il est bien simpliste de réduire l'art à une forme pure pour la forme. Les sociétés africaines intègrent l'art dans le quotidien de façon holistique comme partie intégrante et indissociable de tout ce qui est. Par conséquent, l'art ne peut être dénué de signification. 


La plus haute forme d'art est la maîtrise exemplaire de l'expression et du symbolisme par son niveau de signification maximale avec un minimum de moyen.  La parole est un art. Qui maîtrise son langage exerce une supériorité sur autrui, car il accroît son influx vital. L'acte d'ailleurs, la danse entre autre, n'est rien d'autre que la matérialisation de la parole, son aboutissement extrême, le prolongement direct de son élan de vie.


Le Bendre, tam-tam parleur chez les Mossi, peuple du Burkina Faso | Laissez-moi danser pour dire avec l'intégrité du corps!
Le BENDRE, 
tam-tam parleur chez les Mossi, 
peuple du Burkina Faso
Le tambour est un instrument de la parole. Les sons ont une force de rassemblement et leurs échos se répercutent loin pour appeler, unifier, clamer, raconter, ou invoquer.


La phrase du tambour relève des règles grammaticales de confection et d'utilisation qui la distingue de tout langage et l'inscrit à la hauteur du langage des langages.  Pour les plus grands rites de la vie, seul l'instrument est possible pour l'expression du langage.


Les niveaux artistiques en danse africaine se distinguent hiérarchiquement par le niveau de complexité des codifications du mouvement et le niveau d'entraînement du corps afin de maîtriser des séquences précises de mouvement ou s'adapter rapidement et aisément afin d'éxécuter les mouvements les plus complexes.


De même, à différents stades, seront exprimés la pensée, les émotions, les sentiments, la conception de l'être, des choses, de l'univers, des rapports qui s'établissent, de la vie, de la mort et de l'au-delà.




Parole


Titinga Frederic Pacere dans Le langage des TAM-TAM et des masques en Afrique décrit le langage des Tam-Tam comme supérieur à tout autre langage parce que sa codification peut atteindre un niveau de complexité qui dénote une capacité intellectuelle des plus poussée n'étant accessible qu'aux érudits; les grands maîtres du tambour sont les maîtres de la parole et par leur art ils occupent une place des plus hautes et des plus dignes de la société.


Doris Green, dans l'ouvrage African Dance et l'article Traditional Dance in Africa stipule que les danses traditionnelles africaines constituent un art intégral du mouvement contrôlé par la musique, laquelle est gouvernée par la parole.



LWAZA, Compagnie Danse Nyata Nyata | Laissez-moi danser pour dire avec l'intégrité du corps!
LWAZA - Compagnie Danse Nyata Nyata
Au fait, il faut retenir que la parole, la musique et la danse, ayant le rythme pour base commune, offrent une myriade de possibilités dans l'espace et le temps.


C'est un cadre de possibilités, non pas d'une logique purement rationnelle et figée ou de formes pour la forme, mais de possibilités qui s'ouvrent et dépassent les cinq sens matériels, de possibilités intégrales au-delà de l'art, avec le rythme pour seule boussole.


Expression de la Vie et de la Force, à la fois source et effet de l'émotion, le rythme est l'architecture de l'être, le dynamisme interne qui lui donne forme, le système d'ondes qu'il émet à l'adresse des autres, l'expression pure de la force vitale. 


D'oú la puissance incantatoire de la parole clamée ou scandée, de la danse, du chant et du langage tambourinée qui rétablissent une harmonie compromise, car ils sont ordonnées dans leur déroulement, le message qu'ils communiquent est intemporel et essentiel puisqu'il est celui de toute l'ascendance de la communauté.


C'est un langage qui a un lien étroit avec tous les aspects sociaux, culturels et politiques de la société qui la développe au même titre que le langage oral ou écrit.  C'est un langage qui recèle, en plus, l'élément métaphysique du rapport avec ce qui est au-delà de nous et qu'on ne voit pas mais qu'on ressent comme une réalité au même titre que ce que l'on voit, ce qu'on peut toucher ou ce qui a pu être expérimenté et prouvé par la science.


Je vous encourage à prendre un instant pour me transmettre vos observations ou tout commentaire sur Laissez-moi danser - Partie 1.






        (1) LE JOUR OU NOUS METTRONS GENOUX À TERRE N'ARRIVERA PAS

             Devinette : - L'oreille de la mer collée au sol entend tout ?  - Lanbi !



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Turenne / Tilarenn - Portrait

Je suis Turenne / Tilarenn. Je te reçois avec grand plaisir dans ce fervent parcours par la danse, chemin du mieux-être universel qu'est le mouvement, en inspirations à vibrer de toute notre énergie vitale et danser ton âme.


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  A propos de l'auteur : Moi

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